PAUSE

Chers lecteurs, collègues enseignants, anciens élèves et autres curieux, après un peu moins d'une vingtaine d'années dans l'enseignement dont une bonne dizaine consacrée l'écriture quotidienne de ce blog, j'ai décidé de faire une pause afin d'exercer d'autres fonctions. Vous pourrez toujours consulter mes archives et ainsi découvrir le travail de mes élèves. Bonne lecture, Jean-Christophe DA VEIGA

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lundi 28 mai 2018

Histoire de l'Art // TCV

Cours // 15 / La fin du XXe 
  • Travail du jour : Lecture des documents et prise de notes
  • Durée : 3h — Séance n°1 {3h00
  • Absent : Chamontin, Gilardot, Tharsis, Goyo          Retard : DeSmet, Rousset (1h)


ARTE POVERA

En Italie, le critique Germano Celant organise et présente en 1967 la première exposition d’Art Povera « art pauvre » et un manifeste qu’il publie dans Flash Art.
Plus riche en sculptures qu’en peintures, l’Arte Povera se situe en opposition à l’art scientifique, au cinétisme et à l’op art et à la société de consommation mise en image par le pop art. Ils élèvent la pauvreté des matériaux, des moyens et des effets au rang d’art. Ils souhaitent rétablir un contact direct et sensible entre le spectateur et les matériaux naturels. Ils effectuent un retour aux « arts premiers » en privilégiant les techniques artisanales frustes (feu, coup de haches) et les matériaux bruts (chiffons, terre).
Contemporain d’un monde en mouvement (Mai 68), Arte Povera s’inscrit dans la revendication politique et humaniste d’une « autre société ». Les artistes se séparent en 1971.

CARACTÉRISTIQUES
Juste de sac de pommes de terres et autres textiles, charbon, végétaux, verre, sable, pierre, terre et eau, laine non filée, tôle, bois équarri, graines, etc., autant de matériaux pauvres constituant les tableaux-reliefs et les sculptures, de toutes dimensions.
« Les conventions iconographiques sont supprimées ainsi que les langages symboliques et traditionnels » Germano Celant. Les matériaux sont soit accrochés ou encadrés au mur (tissu, plaque de tôle, pierre, natte de cheveux…) soit des sculptures posées à même le sol. L’artiste respecte évidemment les teintes naturelles des matériaux utilisés.




LAND ART

Au début des années 1960, une tendance de l'art américain, mais aussi européen, va mettre de plus en plus l'accent sur l'utilisation des matériaux naturels, la terre, l'eau ou l'air, qui manifestent le processus à l'œuvre et impliquent du même coup une nouvelle conception de la durée dans l'art.
Corrélativement, l'attention des artistes, des sculpteurs mais aussi des peintres, se porte sur l'exploration de nouveaux espaces en dehors de ceux qui sont traditionnellement réservés à l'art, ce qui va progressivement les amener à s'interroger sur leur environnement et à s'intéresser aux sites naturels. Cette attitude, qui découle logiquement de recherches plastiques et conceptuelles, va de pair avec une contestation politique du marché de l'art et des lieux traditionnels d'exposition.

CARACTÉRISTIQUES
Le plus souvent, les œuvres sont à l'extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l'érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.
Les artistes travaillent souvent dans des lieux éloignés des centres urbains et l'usage de la photographie leur permet de faire connaitre leurs œuvres. Des croquis, reportages et vidéos sont présentés au public et permettent à l'artiste de vivre et de réaliser d'autres œuvres.
Les artistes utilisent le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). La nature n'est plus simplement représentée mais c'est au cœur d'elle-même (in situ) que les créateurs travaillent.
Les œuvres sont souvent gigantesques « Spiral Jetty » de Robert Smithson (1970) était une longue jetée de 457 m de long et de cinq mètres de large environ au bord du Grand Lac Salé1. Elle fut engloutie par une brusque montée des eaux en 1972.
Les artistes creusent, déplacent, transportent, accumulent, griffent, tracent, plantent... Ils introduisent aussi des produits manufacturés.
Elles peuvent être également plus modestes en taille et éphémères avec des artistes comme Andy Goldsworthy.




NOUVEAUX FAUVES

Les nouveaux fauves appelés aussi « néo-expressionnistes allemands » apparaissent sur la scène internationale à la fin des années soixante-dix. Les fondateurs, Rainer Fetting, Bernd Zimmer et Helmut Middendorf se regroupent sous l’étiquette de « Peinture violente ». Après l’Allemagne expressionniste (Blaue Reiter), le national-socialisme prive le pays de sa capitale artistique. Après cinquante ans de silence, la nouvelle génération, à la recherche de son identité, se manifeste en 1977 dans une galerie autogérée située le quartier populaire turc de Berlin. Une nouvelle vague figurative et spontanée réagit à toutes ces dernières années placées sous le signe de l’art conceptuel. Comme le suggère le nom du mouvement, les artistes font directement référence aux Fauves, à Matisse pour la couleur et à l’expressionnisme allemand pour la forme expressive en introduisant la figure inspirée de la culture et de l’histoire contemporaine allemande. Né dans les années quarante, ces artistes s’interrogent sur la question de « la faute » et de la responsabilité du peuple allemand dans le nazisme. Après de grandes expositions dans les galeries allemandes et internationales, les groupes éclatent.

CARACTÉRISTIQUES
Les artistes s’expriment sur de grandes toiles où jaillissent spontanément leur histoire collective et personnelle.
Ils pratiquent une peinture véhémente, notamment par le choix des sujets : représentation de leur instinct primitifs, de la conscience et des mythes allemands, l’après-nazisme, l’homosexualité, la violence dans les grandes métropoles, etc. Figures coupées, dessins inachevés, gestuelle spontanée qui trace des formes violentes.
Les couleurs, souvent « brutes de tube », vives et agressives, fauves, renforcent la violence pathétique des sujets exprimés. Coulures, empâtements, traces de pinceaux s’inscrivent dans la couleur-matière.


BAD PAINTING

Le terme Bad Painting, « mauvaise peinture » apparaît pour la première fois à New York, en 1978, comme titre d’une exposition de Neil Jenney. Ce mouvement critique le « bon goût », l’intellectualisme de l’art conceptuel, pour réhabiliter la « sous-culture » et mettre en place le « mauvais goût » en peinture. Les artistes substituent à la dématérialisation plastique de l’art conceptuel la puissance des images. Leurs toiles ressemblent à cette société contemporaine surinformé, perturbante et violente.

CARACTÉRISTIQUES
Les artistes américains choisissent de grands supports en bois lorsqu’ils utilisent des matériaux solides et de la toile ou de la bâche pour leurs peintures à l’huile. Ils s’inspirent de scènes urbaines et de ses signes (graffitis), de la peinture décorative des années cinquante, de sujet dits « académiques » comme le portrait religieux, la peinture de genre, les paysages mais aussi des représentations païennes ou animales.
Les compositions décentrées éliminent toute assise visuelle. Les œuvres sont réalisées avec des matériaux hétéroclites, notamment des morceaux d’assiettes (Julian Schnabel). Les dissonances colorées sont appuyées par des empâtements généreux et une exécution apparemment rapide et bâclée.



NOUVELLE SUBJECTIVITÉ

Clin d’œil à la Nouvelle objectivité de l’école allemande des années vingt, la nouvelle subjectivité est le titre donné par le conservateur et critique d’art Jean Clair à l’exposition internationale à Paris en 1976. Le peintre anglais David Hockney représente ce mouvement de la fin des années soixante-dix. La Nouvelle Subjectivité naît dans un contexte de crise économique et esthétique en réaction à l’art conceptuel, à la théorie minimaliste, à la figuration et à l’aspect superficiel du pop art, que les peintres récusent dorénavant. Contrairement aux avant-gardistes, les artistes manifestent un souci du « retour dans la réalité des choses ». Ils « s’attachent à une observation attentive du monde visible ancré à nouveau du coté des choses » (Jean Clair).

CARACTÉRISTIQUES
Des plus petites aux plus grandes toiles, les artistes utilisent tous formats. Les artistes choisissent « la réalité des choses », le retour à la figuration, à la nature, en représentant la vue sur un jardin, sur une prairie, une nature morte dans un coin d’atelier, des piscines, des portraits psychologiques.
Dessinateurs et peintres, ils s’attachent à « bien peindre » et à composer leurs toiles selon les lois de la perspective classique et aérienne des maîtres de la Renaissance. Certaines représentations relèvent presque de la photographie, d’autres redeviennent une « surface affective », une mémoire où s’inscrit la trace de l’émotion, d’une sensibilité, d’un désir, cette « petite sensation » chère à Cézanne qui serait en quête de la « virginité du monde. »La peinture acrylique offre des aplats de couleurs vives, froids, figés et artificiels ou au contraire sensibles selon le sujet choisi (portrait) et le traitement de la matière picturale.





FIGURATION LIBRE

La figuration libre fait irruption au mois de juin 1981, chez le critique d’art Bernard Lamarche-Vadel. Sur le point de déménager, il prête ses murs à un groupe de très jeunes peintres et intitule cette exposition « finir en beauté ». L’artiste Ben, du groupe Fluxus, baptise ce mouvement « figuration libre ». Ces peintres, issus des villes, Robert Combas, Hervé Di Rosa, Remy Blanchard et François Boisrond revendiquent leur appartenance à une culture urbaine de masse, une culture populaire qu’ils enrichissent de leur expérience personnelle. Leur démarche libre, anti-culturelle, qui feint l’ignorance, anti-historique, anti-ironique, rappelle l’attitude dadaïste.
La figuration libre s’affirme comme un fait social en réaction à la période conceptuelle et minimaliste des années soixante-dix. Le Graffiti Art serait le pendant américain de la figuration libre à la différence que les français n’émettent pas de messages politiques et sociaux.

CARACTÉRISTIQUES 
La figuration libre « populaire » s’inscrit, faute de moyens, sur des supports de fortune : toiles libres, affiches, cartons d’emballage et vieux bidons. Plus tard, ces très jeunes artistes créeront des œuvres monumentales, des compositions-environnements (sols, murs et plafond peints) et des toiles de grand format.
Les artistes puisent leurs sujets dans la publicité, les mass média, la musique rock et punk. À partir de l’iconographie de la bande dessinée, ils décrivent un monde de monstres archétypaux (cyclopes, énormes bouches édentées), de visions apocalyptiques, de bandits de scènes de « bouche », de bagarre, de drague, avec toujours un fond sexuel. Ils représentent aussi des objets de la société de consommation : verres, télévision, avions, etc. Les scènes « populaires » trouvent place les unes à côtés des autres encadrées, dans la traditionnelle composition de la bande dessinée.
La répétition du trait, le remplissage, ne laissent pas le moindre centimètre carré vierge. Onomatopées et mots complètent les compositions. Les personnages bruts ou naïfs de la peinture « populaire » sont modelés par un large cerne noir empli de couleurs vives, posées dans style rapide, volontairement simple.