PAUSE

Chers lecteurs, collègues enseignants, anciens élèves et autres curieux, après un peu moins d'une vingtaine d'années dans l'enseignement dont une bonne dizaine consacrée l'écriture quotidienne de ce blog, j'ai décidé de faire une pause afin d'exercer d'autres fonctions. Vous pourrez toujours consulter mes archives et ainsi découvrir le travail de mes élèves. Bonne lecture, Jean-Christophe DA VEIGA

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lundi 22 janvier 2018

Histoire de l'art // TCV

Cours // 11 / La naissance de la création industrielle
  • Travail du jour : Lecture de documents et prise de note
  • Durée : 3h — Séance n°2 {4h
  • Absent : Gilardot, Chamontin           Retard : Aucun

– Suite : Chapitre 1 – 


Les expositions universelles sont l’occasion pour ces ingénieurs et/ou architectes d’expérimenter leurs innovations et présenter le savoir-faire de leur pays. Si la Tour Eiffel, ou le Crystal Palace, sont conçus pour être monter et démonter rapidement. Ces manifestes de la modernité seront finalement conservés car ils témoignent à la fois de la puissance technologique et économique des états mais aussi de leur bon goût. En effet, la création industrielle de cette fin du XIXe reste très décorative. Les machines imitent encore le travail artisanal (à la main).

- Viollet-le-Duc ou Labrouste conservent des références issues du patrimoine architecturale (médiévale, néoclassique).
- Les structures métalliques sont toujours ornées de motifs décoratifs floraux (Guaranty Building de Chicago). Les rosaces, les arabesques ou la structure en dentelle de la Tour Eiffel sont aussi très décoratifs (ref. médiéval).

Ce n’est qu’au XXe avec la pensée des Avant-Gardes et l’arrivée du designer au sein de l’industrie que la création industrielle deviendra un art de concevoir des objets à la fois esthétiques, rationnels et fonctionnels (voir Bauhaus).



2- Développement de l’artisanat et des métiers d’art

En réaction au développement industriel et à son esthétique décorative surviennent plusieurs mouvements et écoles d’artisanat dans différents pays comme l’Angleterre, les USA, l’Écosse ou l’Autriche. Ceux-ci s’élèvent contre les multiples conséquences économiques, sociales, politiques et morales du processus d’industrialisation (normalisation, standardisation, exploitation, libéralisme, etc.). Cette démarche implique une fabrication maitrisée allant de la conception à la fabrication, de l’idée à la main, du crayon à l’outil. Par nature, l’artisanat promeut une production limitée qui privilégie l’esthétique et les savoirs faire traditionnels.

C’est en Angleterre, berceau de la Révolution industrielle, que se cristallise un premier mouvement autour de William Morris avec les Arts & Crafts (Art et Atelier). À la fois peintre, dessinateur, imprimeur, auteur et typographe, W. Morris fonde l’entreprise Morris & Co en 1861. On y conçoit et réalise des tapisseries, des intérieurs, des meubles, des livres, etc. D’inspirations médiévales, les Arts & Crafts renouvellent de manière inventive les motifs floraux, les compositions chargées, le dessin cerné et la ligne souple propre à l’esthétique gothique.

De 1890 à 1914, le mouvement Arts & Crafts s’épanouit aux USA autour de Gustav et Charles Stykley ou Elbert Hubbard. Cette branche américaine du mouvement se développe au travers de guildes et du phénomène des quakers (sociétés religieuses protestantes prônant le dépouillement et le rejet de la technologie). Ces artisans produisent un mobilier sobre, solide et de fabrication simple appelé style « Mission » ou « RoyCroft ». Les motifs et les influences médiévales sont délaissés au profit d’une qualité de fabrication et l’usage d’un matériau sans artifice ni décor.

Au même moment en Écosse, Charles Rennie Mackintosh fonde « l’école de Glasgow ». Il conçoit plusieurs maisons et intérieurs dans un style dépouillé et austère. A l’opposé de l’esthétique Arts & Crafts, les surfaces sont nues (sans décors) et les intérieurs lumineux et assez minimalistes. Les formes sont géométriques et longilignes, le trait et les arrêtes des volumes marqués et épais.

Enfin, à partir de 1903 en Autriche se développe un autre courant artisanal majeur autour de Koloman Moser, Josef Hofman et Gustav Klimt : la « wiener werkstatte » (atelier viennois) ou « Sécession ». Ce collectif de créateurs souhaite offrir la modernité à la portée de tous. Pour ce faire, ils tentent de concilier l’artisanat aux arts majeurs (peinture, sculpture) en améliorant les normes fonctionnelles et esthétiques des objets courants - ref. Palais Stoclet. Les viennois proposent une esthétique chargée à la forme stylisée et aux motifs géométriques et colorés. D’un point de vue graphique, chaque membre de l’atelier dispose d’un sigle correspondant au monogramme de ses initiales qu’ils estampillent sur ses créations. Cette pratique médiévale traditionnelle annonce pourtant le marquage systématique de la création industrielle actuelle (logotype).